
Un pas de côté
Adepte des projets hybrides, fruits de rencontres nées du hasard (ou malgré le hasard), je constate que subsiste encore, régulièrement, un léger hiatus entre, d’un côté, les appels multiples à l’interdisciplinarité, le foisonnement et l’éclectisme réel des propositions scéniques – au-delà des esthétiques « repérées », répertoriées – et, de l’autre, la persistance dans les faits de cloisonnements entre corps de métier, domaines d’expression divers. Cloisonnements qui ne tiennent pas toujours compte de l’évolution des propositions artistiques.
Pourtant, des approches techniques et esthétiques différentes semblent pouvoir dialoguer et se mêler. Bien que chaque discipline des Arts de la Scène ait son langage propre, les pratiques se croisent et s’enrichissent mutuellement, pour peu que l’on reconnaisse une certaine porosité dans les manières de faire et de créer et qu’elle soit exploitée. Et si, d’un même mouvement, nous nous réunissions par exemple autour d’une table, ronde de préférence, pour mettre des mots sur ce que dramaturges et chorégraphes partagent ou mettent en jeu ?
La dramaturgie continue à faire couler beaucoup d’encre. Elle a en effet sa part dans toute forme de création scénique, quel que soit l’espace de la représentation – du lieu clos, conçu pour, au lieu hors-les-murs, hors cadre -, qu’elle soit théorisée ou simplement intériorisée.
La chorégraphie s’en mêle ou s’en méfie, la défie.
Arts scéniques, avec ou sans dentelle… Théâtre ? Danse ? tout est cependant, à l’origine, affaire de corps et d’interprètes. Et, entre les deux, le plus court chemin n’est pas toujours la ligne droite.
Afin que nos modes d’écriture et de jeu s’interrogent mutuellement, osons donc un pas de côté ensemble.
Bernadette Pourquié – autrice de projets hybrides