
Marion Aubert et Pauline Peyrade, Responsable pédagogiques du Diplôme Arts et Techniques du théâtre de l’ENSATT
« Des mots, pour des mômes. Sur des mômes. Des petits bouts de vies sortis de la tête d’une autrice, d’un auteur. Comme autant de coquelicots dans un champ de blé. Se dire qu’à chaque instant germent ces histoires. Qu’elles fleurissent. Et avoir la chance de les découvrir. Parfois avant tout le monde. Les partager, ensuite. Les décortiquer. Les relire. Pour être sûr. Ou juste pour le plaisir de faire résonner ces mots, de faire vivre ces personnages. Sortis de la tête d’un auteur, d’une autrice. Voilà ce que, depuis deux ans, j’ai eu le plaisir de vivre en présidant le comité de lecture jeunesse. Et puis savoir que certains seront lus ou portés à la scène, publiés… partagés. Avec des mômes, mais pas que… parce que c’est ça, le théâtre jeunesse : des histoires pour tous et toutes. Cette année, nous avons rencontré quatre-vingt de ces bouts de vies. Forcément nous avons dû faire un choix – le rôle d’un comité de lecture – et n’en retenir que trois. Les mieux structurés, les plus aboutis. Ceux dont les thèmes abordés nous ont semblé les plus pertinents pour nous, et pour un public plus jeune. Il y a la langue aussi. Celle des personnages…qui ne doit pas manquer de justesse. De poésie. D’oralité.
Mais dans chacun, qu’il soit ou non retenu,
Qu’enseigne-t-on dans une école de théâtre ? Que doit-on, que peut-on y apprendre ? L’ENSATT a été conçue dès l’origine, en 1941, comme un centre d’apprentissage devant allier formation au jeu et formations techniques. Aujourd’hui, l’enseignement est organisé en dix départements distincts. Le département d’écriture a été fondé en 2003. En France, à l’époque, aucune école d’art — et moins encore de théâtre — n’offrait de structure d’accompagnement, d’apprentissage et d’expérimentation aux jeunes écrivain.es. L’idée même d’un enseignement possible et nécessaire de l’écriture était alors polémique. Il est depuis largement accepté, et nombre d’écrivain.es sorti.es de l’ENSATT participent de la vitalité de la scène théâtrale.
Le département qu’est-ce que c’est ?
Aujourd’hui, 13 jeunes écrivain.es partagent leur temps, trois ans durant, parmi les 200 étudiant.es et stagiaires de l’école, dans les deux salles dévolues à l’écriture, les studios de répétitions, la bibliothèque… Cette inscription au cœur de l’école permet de penser l’écrivain.e de théâtre comme membre à part entière du collectif.
Trois ans durant, l’étudiant.e consacre son temps au corps à corps avec l’écriture.
Au cœur du dispositif pédagogique, il y a l’accompagnement des écrits en cours. Il s’agit non pas de transmettre des techniques préexistantes, des modèles, mais de permettre à chaque écrivain.e de constituer sa propre boîte à outils, en fonction de son geste, et du texte qui est en train d’advenir.
La colonne vertébrale des trois ans d’accompagnement est ce qu’on appelle le « studio ».
Toutes les six semaines, l’équipe pédagogique (constituée d’écrivain.es dramaturges) et les étudiant.es se retrouvent pendant deux jours autour des projets en cours. L’enjeu n’est pas « d’apprendre à écrire », mais de tenter de comprendre le projet de l’étudiant.e, déplacer sa pensée, ses questionnements. Entrer, par empathie, dans cet espace de tension entre ce que l’écrivain.e veut faire, et ce qu’il fait en réalité.
A ce titre, le département d’écriture est tout autant un département de lecture.
En plus du studio, le département propose aux étudiant.es plusieurs dispositifs (ouvroirs de traduction, de performance, plongées dans l’œuvre d’écrivain.es…), toujours dans le souci de nourrir leur imaginaire, comprendre dans quelle histoire leur geste s’inscrit.
Les étudiant.es font aussi l’expérience de la scène au travers de laboratoires croisés avec les autres départements, d’autres écoles de théâtre (en France et à l’étranger), des liens avec des théâtres, et des rendus publics.
En troisième année, du 30 janvier au 4 février 2023, un temps fort est dédié aux écritures des jeunes écrivain.es, et porté par l’ensemble de l’école. Nous vous y attendons, toutes et tous, nombreuses et nombreux ! »