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Édito du mois de septembre 2022

L’été passe à la vitesse inouïe d’un TGV et ces derniers mois, l’activité des E.A.T a été particulièrement intense, notamment grâce au désir de chacune et de chacun d’entre nous d’aider les spectateurs à retrouver le chemin des théâtres.

Aussi, je profite de l’emploi du temps provisoirement allégé du mois d’Août pour enfin vous dire merci.

Merci aux adhérentes et adhérents qui ont exprimé leur vote lors de notre Assemblée Générale de juin. Merci à tous les élus et élues de l’association qui, grâce à leur travail patient et engagé, ont permis aux E.A.T de traverser une période extrêmement délicate sans trop de dommage tout en renforçant encore la légitimité de notre organisation vis-à-vis de nos partenaires. Merci aux salariés d’avoir accompagné et facilité le travail du bureau et du Conseil d’Administration dans toutes leurs entreprises. Merci aux membres et aux Présidentes et Présidents de nos comités de lecture, pièces maîtresses dans notre dispositif. Merci à toutes celles et ceux qui ont apporté leur pierre, petite ou grande, à l’édifice commun. Merci aux Présidentes et Présidents de délégation pour leur dynamisme, pour relayer la parole des E.A.T et faire vivre nos causes communes en Région. Merci à nos partenaires de premier rang : à la SACD pour sa confiance et pour son écoute permanente, mais aussi à la Sofia, à la DGCA, au CNL et à la Fondation du Crédit Mutuel. Merci également à l’ANRAT, au CPE, au SNAC, à AF&C, au SNMS, aux Chorégraphes Associé.e.s, à l’AAFA, à la Librairie Théâtrale rue de Marivaux, au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil, à l’Alliance pour la Lecture, au Studio ESCA d’Asnières, au Théâtre de l’Opprimé, au studio JLMB et à tous les autres dont la liste est si longue que je ne peux la dresser exhaustivement. Merci à toutes celles et ceux qui privilégient l’action collective à l’intérêt individuel. Merci aussi aux personnes patientes et attentives qui ont nourri mes réflexions en supportant mes longs appels téléphoniques. Merci à toutes celles et ceux qui ont entrepris en Avignon de redonner vie à notre art. Hélas, le bureau et moi-même n’avons pas pu toutes et tous vous visiter malgré tous nos efforts, faute de temps, ce que nous regrettons toujours beaucoup chaque année.

Enfin, un remerciement plus personnel et du fond du cœur aux membres anciens et nouveaux du Conseil d’administration pour m’avoir honoré de leur confiance en me donnant à l’unanimité un nouveau mandat de trois ans pour présider notre association et poursuivre mon engagement au service de notre objet, c’est-à-dire :

  • « Favoriser la création d’œuvres d’écrivains vivants de théâtre d’expression française ».
  • « Affirmer, améliorer, défendre les droits de l’écrivain et ses intérêts moraux et patrimoniaux ainsi que son image ».
  • « Affirmer la présence et la place de l’écrivain dans les institutions et la vie théâtrale en siégeant dans les instances officielles de décision et en étant l’interlocuteur de toute institution nationale ou internationale ».

Parmi les nombreuses missions qui nous échoient, il en est une qui me tient particulièrement à cœur, tant elle est fondamentale aux E.A.T. depuis ses débuts : c’est celle d’accompagner les adhérentes et les adhérents dans leur vie professionnelle, afin de lutter contre le sentiment de solitude qui habite encore trop souvent les écrivaines et écrivains de théâtre face aux vicissitudes du métier.

Soyez toutes et tous assurés que cet objet et ces missions, plus que jamais, m’obligent : j’ai passé l’été à continuer d’y réfléchir en profondeur, accompagné par le bureau et par les salariées de l’association. Voici les fruits de ces réflexions.

La crise sanitaire a dressé un impitoyable état des lieux de nos métiers, tout-en en changeant durablement les conditions d’exercice, les usages et les règles : il est un constat qui paraitra évidence pour les uns et hérésie pour les autres : le métier d’autrice et d’auteur dramatique est de plus en plus contraint par les lois du marché. Cette donnée doit impérativement être prise en compte par les E.A.T sans pour autant se soumettre aux marchands du temple : seule l’action collective peut répondre à ces contraintes et les modifier en notre faveur.

Ainsi, dans un environnement économique où tous les acteurs de la chaine du livre et du spectacle défendent légitimement leurs marges, quoique pour certains d’entre eux pas toujours légalement, beaucoup font mine de considérer que la juste rémunération des autrices et des auteurs est une donnée accessoire ou une variable d’ajustement, relevant pour les grands groupes du secret des affaires ! Ce manque de reconnaissance et de considération conduit beaucoup d’entre nous à concevoir une sorte de complexe d’infériorité qui nous handicape dans nos négociations individuelles.

Devant cet immense chantier, les E.A.T apportent leur contribution au sein du CPE (missionné par le ministère) pour négocier des accords avec le Syndicat National des Editeurs. Dans ce cadre, la répartition de la valeur du livre est un sujet quasi-tabou pour nos interlocuteurs, et les dix pour cent du prix de vente pour l’auteur l’une de nos revendications majeures. Des partenariats avec les autres organisations professionnelles pourront aussi nous amener à dénoncer et à faire supprimer les clauses léonines qui figurent parfois dans certains de nos contrats d’édition. La charte des rémunérations des autrices et auteurs dramatiques constitue un outil indispensable pour tous nos adhérentes et adhérents et sera remise à jour très prochainement afin d’intégrer l’inflation. Puisque nos droits d’auteur relèvent principalement du Droit Commercial, les E.A.T proposeront dans le courant du premier trimestre une session de formation sur les techniques très concrètes de négociation à mettre en œuvre chaque fois que vous discutez un contrat avec tel ou tel partenaire. Concernant la défense des droits et du statut professionnel des autrices et des auteurs, nous espérons aussi consolider nos liens avec ARTCENA afin de déterminer ensemble les synergies possibles et profitables entre cet opérateur majeur et notre organisation.

Pour recréer du lien entre les adhérents et l’association, la formule des mensuelles a été repensée pour être plus festive et éviter les redites concernant les informations transmises par le CA, le bureau, et les délégations : désormais, nos rendez-vous auront lieu tantôt à la Maison des auteurs sous la forme d’un apéro en début de soirée qui fera suite à une réunion du CA, tantôt en visio-conférence afin de permettre la transmission d’une information plus synthétique, une prise de parole facilitée pour nos adhérentes et adhérents, et notamment pour celles et ceux loin de la région parisienne. Parmi ces visio-conférences, une sera exclusivement dédiée aux délégations et à leurs membres.

Au chapitre des actions culturelles et artistiques (dont vous aurez le détail dans les prochains jours), nous continuerons à soutenir nos manifestations phares comme les Question(s) De Théâtre, Texto’Mino, ou les Prix E.A.T. Les Mardis Midis deviennent les Jeudis Midi au Théâtre de l’Opprimé et nous nous réjouissons de la reprise de cette opération emblématique. Nous renouvelons la formule des ateliers de mutualisation. Nous soutiendrons encore via la Fondation du Crédit Mutuel les opérations menées en milieu scolaire et suivrons avec attention le développement des Echappées Belles à la Librairie Théâtrale à Paris. Nous ferons tout notre possible pour aider les initiatives et les évènements de nos délégations. Nous tenterons également de construire un lien par-dessus l’océan avec les autrices et les auteurs francophones caribéens. Nous devrons enfin ne pas oublier les particularités de notre profession quand elle s’exerce dans le cadre des pratiques amateurs.

La pérennité et l’influence des E.A.T dépend de toutes et tous : nous chercherons des sources supplémentaires de financement afin que les E.A.T puissent se doter rapidement d’un cadre salarié. Nous devrons aussi accroitre le nombre des adhérentes et adhérents : chacune et chacun de nous peuvent et doivent participer à cette entreprise prioritaire.  

Plus nombreux, nous sommes plus forts, nous pesons plus lourd, nous avons plus de ressources et de cerveaux afin d’assurer la relève de notre équipe dirigeante (bureau et CA) : les E.A.T doivent plus particulièrement accompagner les jeunes autrices et les jeunes auteurs en début de carrière : c’est une de nos missions et c’est aussi notre intérêt. Après avoir été formés, les actions qu’ils mèneront au sein des E.A.T les renforceront dans l’exercice de leur profession mais sont aussi et surtout notre avenir. Tout doit être entrepris pour étoffer et rajeunir nos rangs : pour notre organisation, c’est un objectif vital !

Enfin, pour achever ce long édito de rentrée et de début de mandat, je n’oublie pas l’essentiel : l’écriture. Dans un monde où les totalitarismes regagnent du terrain sur les démocraties, où les fanatismes l’emportent sur la raison, où la peur ronge la liberté d’expression, où la guerre est à nouveau à nos portes, les écrivaines et écrivains, particulièrement de théâtre, doivent constamment garder à l’esprit qu’elles et ils sont porteurs de pensée, de beauté, de liberté et d’émancipation. Ils sont porteurs de désir et de volonté, de vie et d’humanité.

Continuons à défendre et à porter ces idéaux par l’écriture pour que la lumière subsiste et regagne du terrain sur les obscurités et les obscurantismes. J’ai bien sûr à ce stade et en guise de conclusion une pensée particulière pour Salman Rushdie, victime de l’islamisme.

Je vous souhaite en ce début de saison 2022-2023 dynamisme, volonté, et succès dans chacune de vos entreprises.

Confraternellement,

Vincent Dheygre, Président des E.A.T

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