Bonjour à toutes et à tous,

Tout d’abord un grand merci à la SACD de nous accueillir dans ce beau cadre et un grand merci aux E.A.T pour l’organisation de cet évènement.

Toute l’équipe de la Bibliothèque Oscar Wilde se joint à Viktor et à moi pour vous dire que nous sommes très honorés de recevoir le Prix des Cent Livres Emmanuelle Marie.
C’est la deuxième fois qu’une bibliothèque municipale de prêt reçoit cette distinction après nos collègues occitans de la bibliothèque intercommunale de Castelnaudary qui ont d’ailleurs été les tout premiers lauréats du prix Emmanuelle Marie en 2007.
On ne peut trouver de meilleur prix que des livres pour une bibliothèque, c’est l’objet qui symbolise le cœur de notre métier, nous qui représentons le premier équipement culturel de proximité et qui avons pour vocation de transmettre la culture pour tous.
On peut se demander pourquoi la petite bibliothèque Saint-Fargeau qui a ouvert ses portes en 1975, en pied d’immeuble d’un HLM et qui n ‘avait comme vocation que d’apporter de la lecture aux familles de son proche environnement a été distingué cette année pour, et je cite l’intitulé du prix : « Récompenser une structure se signalant par une action particulière en direction des écritures dramatiques d’aujourd’hui ».
C’était sans doute le pari un peu osé d’un directeur, M. Yves Sartiaux qui a pris ses fonctions en 1996. Yves Sartiaux est un passionné de théâtre et a voulu tout simplement partager sa passion même si le cadre de ce petit espace avec ses moyens limités sans salle d’animation dans un quartier populaire ne regroupait pas franchement les conditions idéales pour promouvoir un art qui a encore du mal à se défaire de son image élitiste. Néanmoins notre bibliothèque avait un atout, une carte à jouer pour justifier ce projet d’établissement : son emplacement. La bibliothèque se situe sur les hauteurs de Belleville et bénéficie d’un voisinage particulièrement riche : le bel espace du 159 avenue Gambetta qui héberge successivement le Théâtre de l’Est parisien, le Théâtre du Tarmac et enfin le Théâtre Ouvert depuis septembre 2021, le Théâtre national de La Colline et l’inauguration des Plateaux Sauvages en 2018 entérine le fait que notre quartier bénéficie d’un terreau fertile pour le théâtre contemporain et sa création.

Pour porter ce projet, il fallait d’abord constituer un fonds suffisamment étoffé pour être remarquable, ce travail long et minutieux a permis à la bibliothèque d’être reconnu officiellement en 2001 comme fonds de référence du théâtre à l’échelle du réseau parisien. Notre fonds compte 4.500 ouvrages, et donc 4.600 depuis aujourd’hui, qui est pour sa plus grande partie constituée de pièces de théâtre contemporain. Ce fonds de théâtre représente 10 pour cent de toutes nos collections. Mais on ne pouvait pas juste se contenter d’offrir cette collection à nos lecteurs Il fallait aussi le mettre en valeur en constituant des bibliographies et des tables thématiques en organisant des lectures et des rencontres théâtrales, c’est ainsi qu’un partenariat a été conclu avec le Théâtre de la Colline en 1997 et qui perdure encore aujourd’hui.
Pour affirmer davantage encore notre projet, la Bibliothèque Saint-Fargeau se renomme Oscar Wilde
en 2011 à l’initiative de M. Sartiaux.

M. Sartiaux a pris sa retraite en 2015, les trois directrices et tous les bibliothécaires qui se sont succédé au sein de notre équipe ont continué et continuent de s’investir pour porter ce beau projet.
Ceux qui ont eu l’occasion de venir à la bibliothèque ont pu voir la place centrale qu’occupe le fonds de théâtre, ce sont les premières collections que l’on voit en franchissant le seuil de notre porte. Car notre démarche a toujours été celle du théâtre pour tous, avec l’idée, si je puis dire, de désenclaver et de désacraliser le théâtre. Nous sommes bien évidemment ravis de recevoir les professionnels et les étudiants du théâtre qui viennent de loin pour nos collections et les précieuses recommandations de Claire. Mais nous sommes encore « plus » ravis si une de nos lectrices ou un de nos lecteurs qui est venu chercher un polar ou une BD repart avec une ou deux pièces de théâtre. Également dans cette démarche, nous tenons à toujours organiser nos rencontres bibliothèque ouverte, certes cela nous prive de l’ambiance très calme de la bibliothèque réservée aux connaisseurs dans un entre soi confortable mais en acceptant la petite agitation inhérente des samedis après-midis, nous tendons la main à tout un chacun : à l’amateur de théâtre qui est venu chercher des pièces et qui a la surprise de découvrir cette animation, à l’usager non initié auquel nous ouvrons une porte.
Enfin un dernier mot pour tous ces jeunes gens qui veulent embrasser une carrière dans le théâtre que nous voyons défiler chaque année, nous aimons à penser qu’à notre humble niveau, nous avons accompagné de futurs professionnels du sixième art et qu’ainsi nous avons contribué à ce que le spectacle vivant continue de vivre.

Claire Herbert et Viktor Popovic