Hommage à Xavier Durringer, président des E.A.T d’avril à décembre 2002
Xavier Durringer nous a quittés. C’est une perte pour le théâtre et le cinéma. Où situer son théâtre dans la dramaturgie contemporaine ?
Dans ce répertoire des pulsions, des nœuds familiaux, des promiscuités diverses caractérisent ce qu’on peut appeler la dramaturgie de l’intime. Au sein de celle-ci, on peut citer Nathalie Sarraute, Marguerite Duras, Copi, Armando Llamas et dans la génération plus proche Philippe Minyana, Joseph Danan, Christophe Honoré, Serge Kribus, Marie Laberge, Michel-Marc Bouchard, bien d’autres évidemment et bien sûr Durringer. Les folles mécaniques du boulevard se sont transformées en hyperréalisme noir para psychanalytique.
Dans le théâtre de Durringer, les personnages basculent entre dérisoire du quotidien et poésie de la rue pour échanger leurs histoires de cœur (et cul) et leurs grincements de dents sont pris dans une vague monstrueuse sur laquelle ils essaient de surfer. Soldats avant la quille, taulards fraîchement libérés, politiciens véreux sans papiers et sans utopie, rencontres vénales et histoires d’amour en cul-de-sac, à en crever.
C’est Molière qui donne la main à Céline.
Xavier, on n’oubliera pas ton sourire épatant, mais épatant ta gouaille, tes éclats de vie et de rire, tes colères désespérées. Tu étais la singularité même, ton talent éclatait partout et ta joie de vivre amère et lucide nous accompagnera toujours.
Michel Azama, président des E.A.T de 2002 à 2006