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Hommage à Colette Nucci

En 2006, quand, au nom de la SACD, j’ai eu l’honneur de remettre la médaille Beaumarchais à Colette Nucci, directrice du Théâtre 13 à Paris, j’avais écrit un petit texte pour elle intitulé Madame OUI ! Parce que c’était cela Colette un grand OUI, un accueil, une écoute attentive et une ouverture d’esprit très rare. Déjà elle oeuvrait dans son théâtre à garder la multiplicité des points de vue, des âges, l’équilibre des sexes, qu’on entend si haut et si fort aujourd’hui mais qu’elle, elle pratiquait naturellement comme M Jourdain fait de la prose.
Bien sûr ce OUI si franc pouvait aussi se transformer en NON tout aussi ferme et direct. Car c’était une des rares directrices de théâtre à oser te dire droit dans les yeux « tu sais ce n’est pas très bon ce que tu fais là » ou « non, ce texte ne tient pas la route » ou « ce spectacle n’est pas fini », mais ses critiques franches n’entamaient en rien son amitié ou sa curiosité envers la personne à qui elles s’adressaient. Avec Colette on avançait, toujours.

J’ai eu aussi la joie de la connaître en tant qu’actrice dans ma pièce Signé Pombo ou dans la peau de Franco qu’elle a jouée magnifiquement en France et en Espagne dans les deux langues. C’était une camarade de jeu drôle, enthousiaste, généreuse. Une camarade de tournée toujours à l’affût de découvertes.

Enfin quand, chassée honteusement du Théâtre du Rond-Point en 2013, je suis allée la trouver au nom des Écrivains Associés du Théâtre pour lui expliquer notre situation, elle n’a pas hésité une seconde « Vous venez ici, je reprends le concept des Mardis Midi et le programme ici au 13, quant aux bureaux des E.A.T, on va se débrouiller, soit on se serre, soit… je vais réfléchir… ». Et quelques semaines plus tard, elle nous avait trouvé un bureau dans le centre d’animation du 13e qui jouxte le théâtre 13/Jardin.

Puis elle a eu l’idée merveilleuse d’associer son magnifique concours des Jeunes Metteurs en scène aux Mardis Midi afin que les jeunes metteuses et metteurs en scène rencontrent dès leurs débuts les écritures contemporaines.

Suite à son décès, Jean-Luc Paliès, metteur en scène qui a dirigé Colette, comme comédienne, à plusieurs reprises, qui a créé plus de 60 auteurs vivants dans les Mardis Midi et dont certains spectacles ont été programmés au 13, a lancé l’idée de donner le nom de Colette Nucci à un des Théâtres 13, idée qui a déjà été reprise et soutenue. Il me semble que les Écrivaines et Écrivains Associés du Théâtre devraient se faire un honneur de soutenir cette idée afin que jamais le nom de Colette Nucci et son œuvre ne disparaissent de nos mémoires et de la mémoire des suivants…

                                                              Louise Doutreligne

                      

 

 

 
                                                
 

 

 

 

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Édito du mois de mai 2023

                                           Autrices, auteurs, où êtes vous ?

Arrivée il y a près de huit mois aux E.A.T, perdue dans mon orientation après avoir décidé
d’arrêter le théâtre, je voulais travailler et oublier la scène. Résultat, me voici dans une
association d’auteurs…de théâtre ! On ne peut jamais réellement s’en défaire, n’est-ce pas ?

Étant critique dramatique chez Théâtre Actu à côté de mon volontariat aux E.A.T, je déplore de voir
autant de réécritures ou d’adaptations littéraires, cinématographiques, de documentaires ou
de journaux intimes sur les scènes publiques comme privées. Le théâtre post-Covid serait-il devenu timoré ?

D’expérience, je sais maintenant à quel point les œuvres contemporaines et originales sont
nombreuses, grâce à vous, mais où sont-elles ? Certains auteurs dramatiques, prolifiques,
peuvent jouer cinq de leurs pièces en même temps, monopolisant ainsi les scènes parisiennes
les plus réputées. Même si cela permet à un plus grand nombre de comédiens de jouer, la
prise de risque des théâtres est moindre en pariant sur ces auteurs “super-stars”.

“Autrices, auteurs de tous les pays, unissez-vous ! “, (non je ne suis pas encore
communiste), reprenez le contrôle des scènes et des créations ! Avec la montée des IA
comme ChatGPT, qui peuvent écrire des dissertations en une minute, avec la peur d’investir
dans de nouveaux projets suite au COVID, le risque d’assister à une uniformisation des
pièces et des idées est grand. La recherche de profits et de sécurité ne peuvent faire partie
du nouveau credo des créations. Elles finiront par tuer ce qui est le plus beau dans le
théâtre, l’humanité, le rire face à l’échec, et l’imagination. Je ne crois pas à une disparition
totale du théâtre, cela semble impossible, mais ce qui a fait son essence et son charme
paraît aujourd’hui menacé.

Les E.A.T m’ont fait prendre conscience de mon amour de l’écriture et de toutes ces mains
qui créent la vie du bout des doigts. En feuilletant les catalogues des E.A.T j’ai été
émerveillée de voir tous ces textes et cette diversité d’autrices et auteurs. Je refuse de voir
l’écriture théâtrale s’incliner et se lisser, pas vous ? Et aux incrédules, je répéterai avec
aplomb les mots de Cyrano. “Mais on ne se bat pas dans l’espoir d’un succès / Non ! Non,
c’est bien plus beau lorsque c’est inutile.”
Non ?

                       Maialen Balédent – Service Civique aux E.A.T

 

 

 

 
                                                
 

 

 

 

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Édito du mois d’avril 2023

                  Pour un aggiornamento des personnages féminins dans le théâtre jeunesse

Pie débrouillarde, autruche irresponsable, sardine malicieuse, puce trapéziste, tomate ou
fleur, fée ou sorcière, quand elles n’étaient pas poupées, tels s’incarnaient les personnages
féminins du corpus jeunesse des années 70/80. Sous forme humaine, on les retrouvait
paysannes, marchandes de ballons, de fleurs, de glaces, de légumes, servantes, institutrices et
vedettes. Confinées dans le sommeil, à la souillarde près des cendres, enfermées dans une
chambre, une tour, un château fût-il de cristal, chipies pour capter l’attention du Prince, elles
s’inscrivaient dans la généalogie des personnages du Cabinet des fées ou des fables.
Dans les années 90, croulant sous la charge mentale, dévouées aux grands-parents malades,
mères divorcées ou abandonnées, elles ont quand même la force de cuisiner des tartes…Sans
doute leur condition révèle-t-elle un état de fait et une certaine invisibilisation sociale. Mais
peu à peu, les personnages féminins s’extraient des représentations stéréotypées et la
dramaturgie chorale, comme l’absence de nomination des voix permettent l’indifférenciation
sexuelle et genrée, ancrant la fable dans un réel affirmé.
Toutefois l’émancipation est longue. Heureusement, les dramaturges contemporains
s’attaquent aux stéréotypes et les affèteries ou les patterns stylistiques dédiés à chaque genre
explosent dans des langues jaculatoires, drues, poétiques qui disent le monde sans le clôturer.
Les cuisines s’évanouissent au profit des grands espaces, les qualités psychologiques
dévolues aux filles et aux garçons fondent comme neige au soleil. Enfin des êtres humains
dialoguent à égalité, se libèrent chacun de leurs jougs, explorent les confins d’univers
minuscules ou majuscules et élargissent leur désir de vivre leur vie.
Persévérer dans son être peut devenir alors un véritable projet pour les personnages et les
voix du théâtre jeunesse. Ainsi que pour leurs interprètes.

                  Dominique Paquet – autrice et vice-présidente des E.A.T

 

 

 

 

 

 

 

 
                                                
 

 

 

 

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Édito du mois de mars 2023

                       Le pass Culture au service de l’Éducation Artistique et Culturelle (EAC)
Piloté conjointement par les ministères en charge de l’Éducation nationale et de la Culture,
le pass Culture porte une ambition forte et des moyens importants en direction de la
jeunesse et du secteur culturel. Il a pour vocation de renforcer et de diversifier les pratiques
culturelles des jeunes tout en mettant à disposition des acteurs culturels une plateforme
professionnelle de mise en valeur de leurs propositions et de lien avec ce public.

Depuis janvier 2022, à la part individuelle du pass attribuée nominativement à chaque
individu de 15 à 18 ans, s’ajoute une part collective de 20 à 30 euros par élève de 4e et de 3e
(de 6e et de 5e à partir de septembre 2023) et des classes de lycées publics et privés sous
contrat (voies générale, technologique et professionnelle). Ces fonds, mutualisés à l’échelle
d’un établissement scolaire, contribuent à la généralisation de l’EAC en renforçant la
dynamique partenariale de conception et de mise en œuvre des actions, dispositifs,
programmes,… déployés en faveur des élèves.

D’ores et déjà référencés par la société pass Culture, les Écrivaines et Écrivains Associés du
Théâtre peuvent formuler des offres collectives qui sont soumises aux enseignants du
second degré via une plateforme dédiée (Adage pour Application dédiée à la généralisation
de l’EAC). Ces offres, qu’elles soient « ciblées » (en direction d’un établissement ou d’un
projet partenarial en particulier) ou « ouvertes » (master class, résidences d’auteurs, ateliers
d’écriture…), sont nécessairement conformes à la charte de l’EAC. Elles doivent reposer sur
au moins un pilier de l’EAC (rencontres, pratiques, connaissances) et tendent à les combiner.
Elles se déploient obligatoirement sur le temps scolaire dans le cadre d’un projet
pédagogique en lien avec les enseignements du niveau de classe correspondant.

Les activités peuvent se dérouler dans l’enceinte de l’établissement scolaire, dans une structure
culturelle (médiathèque, librairie, théâtre, …) ou tout autre lieu adapté.
Dans certaines conditions, il est également possible pour un auteur de déposer une
demande de référencement individuel sur la plateforme pass Culture pro afin de pouvoir
soumettre directement des propositions d’intervention en direction du public scolaire via
Adage.

                 Marielle Vannier et Pascal Jézéquel, conseillers à la DAAC du rectorat de Créteil

 

 
                                                
 

 

 

 

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Édito du mois de février 2023

À l’heure où j’ai l’incroyable chance de voir un de mes textes intégrer une collection de petits classiques scolaires, celle des éditions Nathan, et cela de mon vivant ( ce qui, vous en conviendrez, me semble beaucoup plus agréable qu’après ma mort ! ), je me dis qu’une partie de cette chance est sans doute due aux E.A.T…

Lorsque, en l’an 2000, les autrices et les auteurs de théâtre ont estimé qu’il était urgent de ramener l’écriture contemporaine sur le devant de la scène, dans tous les sens du terme, c’était le début d’un long combat qui permet aujourd’hui, par exemple, à nos textes de côtoyer les « grands anciens », dans des collections de ce type, sans que personne ne trouve cela anormal ou iconoclaste.

C’est donc l’occasion pour moi de saluer, avec chaleur, le travail accompli par notre association depuis que j’en ai quitté la présidence. Et, par la même occasion, d’adresser un message affectueux aux élues et aux élus qui ont continué d’apporter leur énergie à l’action commune, jusqu’à notre président actuel, Vincent Dheygre, dont j’ai toujours apprécié la pugnacité et la générosité. Et un salut amical, à vous toutes et vous tous, chères consœurs, cher confrères, qui continuez à agir, selon vos disponibilités et vos possibilités, pour que le beau rêve de nos débuts s’affirme de plus en plus en efficace réalité ! Les Écrivaines et Écrivains Associés du Théâtre comptent vraiment aujourd’hui, sont mieux écoutés, ont su se rendre incontournables dans bien des domaines.

Lors de notre création, nous avions parié sur la réussite du côte à côte malgré nos différences, de l’éventualité de transformer le terme de solitaire en celui de solidaire… Quel chemin parcouru ! Merci à toutes et tous d’avoir contribué à rendre possible cette aventure, et de permettre qu’elle se poursuive sous le signe de la passion et de la fraternité !

 
                                                               Jean-Paul Alègre – auteur dramatique
 

 

 

 

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Édito du mois de décembre 2022

Un pas de côté

Adepte des projets hybrides, fruits de rencontres nées du hasard (ou malgré le hasard), je constate que subsiste encore, régulièrement, un léger hiatus entre, d’un côté, les appels multiples à l’interdisciplinarité, le foisonnement et l’éclectisme réel des propositions scéniques – au-delà des esthétiques « repérées », répertoriées – et, de l’autre, la persistance dans les faits de cloisonnements entre corps de métier, domaines d’expression divers. Cloisonnements qui ne tiennent pas toujours compte de l’évolution des propositions artistiques.

Pourtant, des approches techniques et esthétiques différentes semblent pouvoir dialoguer et se mêler. Bien que chaque discipline des Arts de la Scène ait son langage propre, les pratiques se croisent et s’enrichissent mutuellement, pour peu que l’on reconnaisse une certaine porosité dans les manières de faire et de créer et qu’elle soit exploitée. Et si, d’un même mouvement, nous nous réunissions par exemple autour d’une table, ronde de préférence, pour mettre des mots sur ce que dramaturges et chorégraphes partagent ou mettent en jeu ?

La dramaturgie continue à faire couler beaucoup d’encre. Elle a en effet sa part dans toute forme de création scénique, quel que soit l’espace de la représentation – du lieu clos, conçu pour, au lieu hors-les-murs, hors cadre -, qu’elle soit théorisée ou simplement intériorisée.

La chorégraphie s’en mêle ou s’en méfie, la défie.

Arts scéniques, avec ou sans dentelle… Théâtre ? Danse ? tout est cependant, à l’origine, affaire de corps et d’interprètes. Et, entre les deux, le plus court chemin n’est pas toujours la ligne droite.

Afin que nos modes d’écriture et de jeu s’interrogent mutuellement, osons donc un pas de côté ensemble.

Bernadette Pourquié – autrice de projets hybrides

 

 

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Édito du mois de novembre 2022

Lire Debout.

La lecture grande cause nationale a été décrétée par le Président de la République en 2021 pour l’année 2022. Le constat est sans appel : « 13 millions de personnes n’ont pas accès à la lecture – 2,5 millions de personnes sont en situation d’illettrisme – plus de 90% des ouvrages publiés en France sont inaccessibles aux personnes empêchées de lire du fait de leur handicap. »  Que faire face à cette urgence ? Un collectif d’associations s’est regroupé : « l’Alliance pour la lecture » (dont les E.A.T depuis l’automne 2021) dans l’objectif de croiser expériences, savoir-faire et de développer des propositions pour que la lecture retrouve sa place au cœur de nos préoccupations culturelles. Nous adhérents des E.A.T, pensons que l’écriture dramatique, insuffle l’envie de se réapproprier la lecture. L’objet théâtre, par le jeu, donne, redonne le plaisir de lire et tente de mettre à bas les barrières de certains handicaps. Les autrices et auteurs de théâtre ont cette spécificité de faire entendre la musique de leurs écritures, si singulières. C’est un travail au long cours, qui fait appel à la lecture à voix haute, véritable outil de transmission. Faire lire, aider à lire même lorsque la lecture n’est pas acquise. C’est ambitieux, mais au fil de nos actions nous constatons que cette ambition porte ses fruits. Lors de nos rencontres sur le terrain, nous lisons debout, exigeant ainsi une verticalité. Un engagement du corps pour reconquérir sa dignité et retrouver le courage d’oser sans crainte, sans honte. Oser la découverte d’univers foisonnants qui racontent le monde d’aujourd’hui. Les témoignages de celles et ceux qui ont été confrontés à l’illétrisme et qui en sont sortis, nous invitent à être acteur de cette transformation. Répondre à cet appel, c’est pour chacune et chacun de nous un engagement, celui de faire entendre et partager le goût des mots noir sur blanc.  

Lise Martin autrice et vice-présidente des E.A.T & Dominique Pompougnac auteur et président des E.A.T Occitanie.

 

 

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Édito du mois d’octobre 2022

Enseigner la dramaturgie.

Je mène des ateliers d’écriture depuis quelques années sur la proposition de l’autrice Sylvie Chenus qui m’a transmis sa propre conception, dans laquelle il s’agit plus d’accompagner que d’enseigner. Car une fois les règles de base énoncées puis démenties – il y a des personnages ou pas, des dialogues ou pas, une action ou pas, une narration ou pas, une histoire ou des histoires – l’essentiel c’est le théâtre, ce qui fait théâtre. Et pour le savoir, il faut l’éprouver c’est-à-dire lire et faire lire des pièces à voix haute, pour ressentir ce que certaines écritures, certains rythmes, provoquent dans les corps, comment les auteur.ices d’aujourd’hui s’y prennent pour faire surgir l’émotion, grâce à une adresse, du silence, une certaine façon d’assembler les mots, de tordre la langue, pour faire entendre ce qui n’est pas dit. Et une fois qu’on a éprouvé ce qui fait théâtre, une fois balayées les idées qu’on se faisait du théâtre, s’y aventurer en s’inspirant d’une part de toutes les pistes ouvertes par les auteur.ices, et d’autre part de ce qui nous entoure, ce monde dans lequel nous vivons, tenter d’y apporter sa voix personnelle. Et ce matériau, le creuser, l’enrichir en le questionnant et de nouveau lire à voix haute, et faire cette expérience d’entendre son propre texte lu par les autres. Tout est là, ça fonctionne, ou pas. D’abord on écrit et après on travaille. Et le travail consiste avant tout à prendre conscience de ce qu’on a écrit, c’est mon rôle, avec le groupe, de mettre du jeu entre l’écrivant.e et son texte, jeu dans le sens de distance et bien sûr, dans le sens de jouer. 

 

Catherine Benhamou, autrice, mène des ateliers d’écriture à Paris III-Sorbonne Nouvelle dans le cadre de la licence professionnelle de théâtre et à Aleph-écriture.

 

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Édito du mois de septembre 2022

L’été passe à la vitesse inouïe d’un TGV et ces derniers mois, l’activité des E.A.T a été particulièrement intense, notamment grâce au désir de chacune et de chacun d’entre nous d’aider les spectateurs à retrouver le chemin des théâtres.

Aussi, je profite de l’emploi du temps provisoirement allégé du mois d’Août pour enfin vous dire merci.

Merci aux adhérentes et adhérents qui ont exprimé leur vote lors de notre Assemblée Générale de juin. Merci à tous les élus et élues de l’association qui, grâce à leur travail patient et engagé, ont permis aux E.A.T de traverser une période extrêmement délicate sans trop de dommage tout en renforçant encore la légitimité de notre organisation vis-à-vis de nos partenaires. Merci aux salariés d’avoir accompagné et facilité le travail du bureau et du Conseil d’Administration dans toutes leurs entreprises. Merci aux membres et aux Présidentes et Présidents de nos comités de lecture, pièces maîtresses dans notre dispositif. Merci à toutes celles et ceux qui ont apporté leur pierre, petite ou grande, à l’édifice commun. Merci aux Présidentes et Présidents de délégation pour leur dynamisme, pour relayer la parole des E.A.T et faire vivre nos causes communes en Région. Merci à nos partenaires de premier rang : à la SACD pour sa confiance et pour son écoute permanente, mais aussi à la Sofia, à la DGCA, au CNL et à la Fondation du Crédit Mutuel. Merci également à l’ANRAT, au CPE, au SNAC, à AF&C, au SNMS, aux Chorégraphes Associé.e.s, à l’AAFA, à la Librairie Théâtrale rue de Marivaux, au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil, à l’Alliance pour la Lecture, au Studio ESCA d’Asnières, au Théâtre de l’Opprimé, au studio JLMB et à tous les autres dont la liste est si longue que je ne peux la dresser exhaustivement. Merci à toutes celles et ceux qui privilégient l’action collective à l’intérêt individuel. Merci aussi aux personnes patientes et attentives qui ont nourri mes réflexions en supportant mes longs appels téléphoniques. Merci à toutes celles et ceux qui ont entrepris en Avignon de redonner vie à notre art. Hélas, le bureau et moi-même n’avons pas pu toutes et tous vous visiter malgré tous nos efforts, faute de temps, ce que nous regrettons toujours beaucoup chaque année.

Enfin, un remerciement plus personnel et du fond du cœur aux membres anciens et nouveaux du Conseil d’administration pour m’avoir honoré de leur confiance en me donnant à l’unanimité un nouveau mandat de trois ans pour présider notre association et poursuivre mon engagement au service de notre objet, c’est-à-dire :

  • « Favoriser la création d’œuvres d’écrivains vivants de théâtre d’expression française ».
  • « Affirmer, améliorer, défendre les droits de l’écrivain et ses intérêts moraux et patrimoniaux ainsi que son image ».
  • « Affirmer la présence et la place de l’écrivain dans les institutions et la vie théâtrale en siégeant dans les instances officielles de décision et en étant l’interlocuteur de toute institution nationale ou internationale ».

Parmi les nombreuses missions qui nous échoient, il en est une qui me tient particulièrement à cœur, tant elle est fondamentale aux E.A.T. depuis ses débuts : c’est celle d’accompagner les adhérentes et les adhérents dans leur vie professionnelle, afin de lutter contre le sentiment de solitude qui habite encore trop souvent les écrivaines et écrivains de théâtre face aux vicissitudes du métier.

Soyez toutes et tous assurés que cet objet et ces missions, plus que jamais, m’obligent : j’ai passé l’été à continuer d’y réfléchir en profondeur, accompagné par le bureau et par les salariées de l’association. Voici les fruits de ces réflexions.

La crise sanitaire a dressé un impitoyable état des lieux de nos métiers, tout-en en changeant durablement les conditions d’exercice, les usages et les règles : il est un constat qui paraitra évidence pour les uns et hérésie pour les autres : le métier d’autrice et d’auteur dramatique est de plus en plus contraint par les lois du marché. Cette donnée doit impérativement être prise en compte par les E.A.T sans pour autant se soumettre aux marchands du temple : seule l’action collective peut répondre à ces contraintes et les modifier en notre faveur.

Ainsi, dans un environnement économique où tous les acteurs de la chaine du livre et du spectacle défendent légitimement leurs marges, quoique pour certains d’entre eux pas toujours légalement, beaucoup font mine de considérer que la juste rémunération des autrices et des auteurs est une donnée accessoire ou une variable d’ajustement, relevant pour les grands groupes du secret des affaires ! Ce manque de reconnaissance et de considération conduit beaucoup d’entre nous à concevoir une sorte de complexe d’infériorité qui nous handicape dans nos négociations individuelles.

Devant cet immense chantier, les E.A.T apportent leur contribution au sein du CPE (missionné par le ministère) pour négocier des accords avec le Syndicat National des Editeurs. Dans ce cadre, la répartition de la valeur du livre est un sujet quasi-tabou pour nos interlocuteurs, et les dix pour cent du prix de vente pour l’auteur l’une de nos revendications majeures. Des partenariats avec les autres organisations professionnelles pourront aussi nous amener à dénoncer et à faire supprimer les clauses léonines qui figurent parfois dans certains de nos contrats d’édition. La charte des rémunérations des autrices et auteurs dramatiques constitue un outil indispensable pour tous nos adhérentes et adhérents et sera remise à jour très prochainement afin d’intégrer l’inflation. Puisque nos droits d’auteur relèvent principalement du Droit Commercial, les E.A.T proposeront dans le courant du premier trimestre une session de formation sur les techniques très concrètes de négociation à mettre en œuvre chaque fois que vous discutez un contrat avec tel ou tel partenaire. Concernant la défense des droits et du statut professionnel des autrices et des auteurs, nous espérons aussi consolider nos liens avec ARTCENA afin de déterminer ensemble les synergies possibles et profitables entre cet opérateur majeur et notre organisation.

Pour recréer du lien entre les adhérents et l’association, la formule des mensuelles a été repensée pour être plus festive et éviter les redites concernant les informations transmises par le CA, le bureau, et les délégations : désormais, nos rendez-vous auront lieu tantôt à la Maison des auteurs sous la forme d’un apéro en début de soirée qui fera suite à une réunion du CA, tantôt en visio-conférence afin de permettre la transmission d’une information plus synthétique, une prise de parole facilitée pour nos adhérentes et adhérents, et notamment pour celles et ceux loin de la région parisienne. Parmi ces visio-conférences, une sera exclusivement dédiée aux délégations et à leurs membres.

Au chapitre des actions culturelles et artistiques (dont vous aurez le détail dans les prochains jours), nous continuerons à soutenir nos manifestations phares comme les Question(s) De Théâtre, Texto’Mino, ou les Prix E.A.T. Les Mardis Midis deviennent les Jeudis Midi au Théâtre de l’Opprimé et nous nous réjouissons de la reprise de cette opération emblématique. Nous renouvelons la formule des ateliers de mutualisation. Nous soutiendrons encore via la Fondation du Crédit Mutuel les opérations menées en milieu scolaire et suivrons avec attention le développement des Echappées Belles à la Librairie Théâtrale à Paris. Nous ferons tout notre possible pour aider les initiatives et les évènements de nos délégations. Nous tenterons également de construire un lien par-dessus l’océan avec les autrices et les auteurs francophones caribéens. Nous devrons enfin ne pas oublier les particularités de notre profession quand elle s’exerce dans le cadre des pratiques amateurs.

La pérennité et l’influence des E.A.T dépend de toutes et tous : nous chercherons des sources supplémentaires de financement afin que les E.A.T puissent se doter rapidement d’un cadre salarié. Nous devrons aussi accroitre le nombre des adhérentes et adhérents : chacune et chacun de nous peuvent et doivent participer à cette entreprise prioritaire.  

Plus nombreux, nous sommes plus forts, nous pesons plus lourd, nous avons plus de ressources et de cerveaux afin d’assurer la relève de notre équipe dirigeante (bureau et CA) : les E.A.T doivent plus particulièrement accompagner les jeunes autrices et les jeunes auteurs en début de carrière : c’est une de nos missions et c’est aussi notre intérêt. Après avoir été formés, les actions qu’ils mèneront au sein des E.A.T les renforceront dans l’exercice de leur profession mais sont aussi et surtout notre avenir. Tout doit être entrepris pour étoffer et rajeunir nos rangs : pour notre organisation, c’est un objectif vital !

Enfin, pour achever ce long édito de rentrée et de début de mandat, je n’oublie pas l’essentiel : l’écriture. Dans un monde où les totalitarismes regagnent du terrain sur les démocraties, où les fanatismes l’emportent sur la raison, où la peur ronge la liberté d’expression, où la guerre est à nouveau à nos portes, les écrivaines et écrivains, particulièrement de théâtre, doivent constamment garder à l’esprit qu’elles et ils sont porteurs de pensée, de beauté, de liberté et d’émancipation. Ils sont porteurs de désir et de volonté, de vie et d’humanité.

Continuons à défendre et à porter ces idéaux par l’écriture pour que la lumière subsiste et regagne du terrain sur les obscurités et les obscurantismes. J’ai bien sûr à ce stade et en guise de conclusion une pensée particulière pour Salman Rushdie, victime de l’islamisme.

Je vous souhaite en ce début de saison 2022-2023 dynamisme, volonté, et succès dans chacune de vos entreprises.

Confraternellement,

Vincent Dheygre, Président des E.A.T

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Édito du mois de juillet 2022

Marion Aubert et Pauline Peyrade, Responsable pédagogiques du Diplôme Arts et Techniques du théâtre de l’ENSATT

« Des mots, pour des mômes. Sur des mômes. Des petits bouts de vies sortis de la tête d’une autrice, d’un auteur. Comme autant de coquelicots dans un champ de blé. Se dire qu’à chaque instant germent ces histoires. Qu’elles fleurissent. Et avoir la chance de les découvrir. Parfois avant tout le monde. Les partager, ensuite. Les décortiquer. Les relire. Pour être sûr. Ou juste pour le plaisir de faire résonner ces mots, de faire vivre ces personnages. Sortis de la tête d’un auteur, d’une autrice. Voilà ce que, depuis deux ans, j’ai eu le plaisir de vivre en présidant le comité de lecture jeunesse. Et puis savoir que certains seront lus ou portés à la scène, publiés… partagés. Avec des mômes, mais pas que… parce que c’est ça, le théâtre jeunesse : des histoires pour tous et toutes. Cette année, nous avons rencontré quatre-vingt de ces bouts de vies. Forcément nous avons dû faire un choix – le rôle d’un comité de lecture – et n’en retenir que trois. Les mieux structurés, les plus aboutis. Ceux dont les thèmes abordés nous ont semblé les plus pertinents pour nous, et pour un public plus jeune. Il y a la langue aussi. Celle des personnages…qui ne doit pas manquer de justesse. De poésie. D’oralité.

Mais dans chacun, qu’il soit ou non retenu,

Qu’enseigne-t-on dans une école de théâtre ? Que doit-on, que peut-on y apprendre ? L’ENSATT a été conçue dès l’origine, en 1941, comme un centre d’apprentissage devant allier formation au jeu et formations techniques. Aujourd’hui, l’enseignement est organisé en dix départements distincts. Le département d’écriture a été fondé en 2003. En France, à l’époque, aucune école d’art — et moins encore de théâtre — n’offrait de structure d’accompagnement, d’apprentissage et d’expérimentation aux jeunes écrivain.es. L’idée même d’un enseignement possible et nécessaire de l’écriture était alors polémique. Il est depuis largement accepté, et nombre d’écrivain.es sorti.es de l’ENSATT participent de la vitalité de la scène théâtrale.

Le département qu’est-ce que c’est ?

Aujourd’hui, 13 jeunes écrivain.es partagent leur temps, trois ans durant, parmi les 200 étudiant.es et stagiaires de l’école, dans les deux salles dévolues à l’écriture, les studios de répétitions, la bibliothèque… Cette inscription au cœur de l’école permet de penser l’écrivain.e de théâtre comme membre à part entière du collectif. 

Trois ans durant, l’étudiant.e consacre son temps au corps à corps avec l’écriture.

Au cœur du dispositif pédagogique, il y a l’accompagnement des écrits en cours. Il s’agit non pas de transmettre des techniques préexistantes, des modèles, mais de permettre à chaque écrivain.e de constituer sa propre boîte à outils, en fonction de son geste, et du texte qui est en train d’advenir. 

La colonne vertébrale des trois ans d’accompagnement est ce qu’on appelle le « studio ». 

Toutes les six semaines, l’équipe pédagogique (constituée d’écrivain.es dramaturges) et les étudiant.es se retrouvent pendant deux jours autour des projets en cours. L’enjeu n’est pas « d’apprendre à écrire », mais de tenter de comprendre le projet de l’étudiant.e, déplacer sa pensée, ses questionnements. Entrer, par empathie, dans cet espace de tension entre ce que l’écrivain.e veut faire, et ce qu’il fait en réalité. 

A ce titre, le département d’écriture est tout autant un département de lecture.

En plus du studio, le département propose aux étudiant.es plusieurs dispositifs (ouvroirs de traduction, de performance, plongées dans l’œuvre d’écrivain.es…), toujours dans le souci de nourrir leur imaginaire, comprendre dans quelle histoire leur geste s’inscrit. 

Les étudiant.es font aussi l’expérience de la scène au travers de laboratoires croisés avec les autres départements, d’autres écoles de théâtre (en France et à l’étranger), des liens avec des théâtres, et des rendus publics.

En troisième année, du 30 janvier au 4 février 2023, un temps fort est dédié aux écritures des jeunes écrivain.es, et porté par l’ensemble de l’école. Nous vous y attendons, toutes et tous, nombreuses et nombreux ! »

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