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Édito du mois de mars

25 ! Le Syndicat National de l’Édition (SNE) vient de révéler ce chiffre frappant : 25% du chiffre d’affaires de l’édition reviendrait aux auteurs – l’éditeur ne disposerait pour sa part, une fois ses coûts directs assumés, que de 18 % de ce chiffre d’affaires. Le livre profiterait donc davantage aux auteurs qu’aux éditeurs ?
Ce pourcentage, choquant pour les auteurs, est le fruit d’une étude récente commanditée par le SNE lui-même et s’appuyant principalement sur les données fournies par les groupes éditoriaux dominant le marché français, Hachette, Editis, Madrigall, Media Participations, et par quelques maisons de taille moyenne. L’ambition de l’étude est de donner un éclairage sur la réalité de l’économie de l’édition.
Mais qui dit éclairage – et les gens de théâtre le savent d’expérience – dit choix de ce que l’on veut éclairer, et de ce que l’on prend soin de laisser dans l’ombre. L’étude, d’emblée, écarte une donnée pourtant essentielle : les grands groupes éditoriaux s’appuient sur des outils de diffusion/distribution qui, grâce à la circulation aller-retour des livres entre éditeur et libraires, sont une source de profits substantiels. Pourquoi laisser croire que la situation d’un grand groupe éditorial est la même que celle d’un petit éditeur indépendant, dépendant lui du contrat qu’il va signer avec un groupe puissant pour assurer la diffusion/distribution de ses livres ?
Alors que les auteurs peinent à imposer dans leurs contrats d’édition le chiffre 10 comme taux de rémunération proportionnelle sur le prix public hors taxe de chaque ouvrage vendu, brandir ce chiffre de 25, c’est faire comme s’il correspondait à la réalité vécue par l’immense majorité des auteurs de livres. Or cette réalité là, on la connaît. Elle est documentée depuis 2015 grâce à une étude du ministère de la Culture. Quelques mots la résument : fragilité économique, précarisation croissante.
L’étude du SNE affiche un contre-chiffre pour marquer les esprits – ceux de nos élus ? ceux des nouveaux arrivés à la tête du ministère de la Culture ? Elle ne saurait mettre un terme à la discussion plus que jamais nécessaire sur le partage de la valeur.

Christophe Hardy
Président de la SGDL (Société des Gens De Lettres)

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